CE QUI NOUS SEPARE

  1. CE QUI NOUS SEPARE -:-- / -:--

Ce qui nous sépare,
C’est une manière de voir.
Une certaine façon,
De choisir ses opinions.
Si j’ai du mal à sourire,
C’est parcequ’ à force de te découvrir,
J’ai peur de me mettre à cerner,
Les clichés dont tu t’es entiché.
Dis toi qu’à force de…

Remplacer arabe par rebeu
Et rebeu par maghrébin,
Tu finiras par parler
Avec les mains.
Que ça ne vaut pas la peine de rougir
En te demandant lequel choisir,
Alors que type, gars ou bonhomme,
Conviennent très bien.
Tu fais comme cette mauvaise mère
Qui dit à son fils,
Que c’est bien le fils de son père
Parce qu’il a pété l’étagère.
Et si le fils la répare,
Un nouveau placard,
La mère se contente de se taire.

Ce qui nous sépare,
C’est une manière de croire
En des idées de l’an 40
Qu’a dû te refiler ta vieille tante.
Si j’ai du mal à dormir,
C’est que je m’efforce de ne plus me souvenir
D’une de tes si jolies phrases,
Aussi sensée qu’un cerveau sans cases.
Je revois…

La tête de ce chanteur
Dans un passage télé,
Qui déclare tristement
Sa séropositivité.
T’ouvres les deux yeux bien grands
Ca fait deux ans maintenant
Et tu dis, étonné :
« Ah bon il était pédé ? »
Je pensais qu’on pouvait entendre ça
Que dans les maisons de retraite,
Les petits bistrots à l’ancienne
Ou bien dans les rangs du FN.
Dis toi que ça me fait franchement paniquer
De te voir à ce point décalé.
Qu’est ce que ce sera dans 10 ans ?
Tu viens juste d’avoir 20 ans.

Ce qui nous sépare,
Y en a sûrement dans le fond de tes tiroirs.
Caché dans un coin de ton salon,
Impatient de te rendre un peu moins con.
Si j’ai du mal à te le dire
C’est parce qu’il vaut mieux le découvrir
Seul
Mais seulement voilà d’après moi
Un tien vaut mieux que deux tu l’auras.

Tu l’auras ta maison,
Tes broderies sur les murs
Et ton allée dallée, sur le gazon.
Une belle petite épouse
Avec ses crises de blues
« Mon dieu, notre enfant fume-t-il ou non ? »
Tu l’auras ta place,
Professionnel efficace,
Finit le bon vieux temps,
Il faut aller de l’avant.
Quitte à laisser sur le bas-côté
Deux de tes potes plumés,
Tes problèmes d’argent
Dictent tes sentiments.
Tes ennuis s’effacent
Et tes amis passent.
Tu construis ta vie
Sur un capital terni
Par un manque d’instruction
De courage et de passion.
Quel joyeux topo,
Tu peux monter plus haut ?
Ce qui nous séparait
Ce n’était pas plus large
Qu’une rangée d’hortensias
Dans une querelle de voisinage.
2 ou 3 idées étriquées
Comme le costume d’un banquier,
Le moment où l’on comprend
Qu’il est temps,
De choisir son camp.