quand t’auras fait renoncer
le dissident dans son cortège
pour que des culs serrés
puissent voir Courchevel sous la neige
quand t’auras fait poursuivre
basanés, pauvres et coléreux
pour que Oui-oui puisse vivre
tranquille au pays des vertueux
quand la consigne à tes hommes
sera de capturer des gamins
et que du fond de son uniforme
l’opinion criera que c’est pour son bien
c’est en fermant les yeux
qu’on percevra distinctement
derrière les cris des boeufs
le bruit des bottes sur le temps
quand t’auras réinventé
le sens des mots et des objets
et puis délimité
le bien du mal, le faux du vrai
quand t’auras mis en vente
du besoin jusqu’à l’émotion
pour que Oui-oui se sente
libre au pays des pulsions
quand la consigne à tes hommes
sera de captiver des gamins
et que du fond de son uniforme
la télé criera que c’est pour leur bien
c’est en coupant le son
qu’on entendra distinctement
derrière les cris des moutons
le bruit des bottes sur le temps
quand tu te seras avancé
sur la tribune pour prononcer
ton sempiternel discours
cousu de peine et de respect
quand t’auras mélangé
maintes et maintes fois
« plus jamais ça »
avec la complicité d’un génocide au Rwanda
oui la consigne à tes hommes
était de laisser tuer les gamins
et du fond de leurs uniformes
ils n’ont eu qu’à serrer les poings
c’est en baissant les yeux
qu’ils ont perçu distinctement
derrière la voix des nations
le bruit des bottes dans le sang