CARNAVAL

  1. CARNAVAL -:-- / -:--
chaque année le 14 juillet, lorsque l’hymne retentit
il faut les regarder se lever avec leurs figures d’affranchis
fixer la même direction un tout petit morceau d’horizon
on peut palper la nostalgie de l’Asie et de l’Algérie
sentir monter l’émotion à l’évocation de la nation
l’amour du travail bien fait du bon boulot du travail de français

ils doivent penser aux paras, aux faf de Saint-Cloud à Brazza
venus remplacer le président entre 2 viols et un bain de sang
c’est vrai qu’on est en temps de guerre et que la haine est là pour nous plaire
eux ils s’en carrent bien profond des idées de Cheikh Anta Diop
ou qu’Al Biruni avait raison longtemps avant le téléscope
toujours la même direction le tout petit morceau d’horizon

en fantasmant l’ordre idéal ils remodèlent l’occident
sous la forme d’un carnaval où les gens vivent les 2 pieds devant
partout les mêmes capitales parias ceux qui vivent autrement
ils veulent
une évidence et une logique raides comme l’amour du fric
qui assimile tout sur son passage des idées jusqu’aux paysages
une aventure dans un parcours fléché une dictature qu’on apprend à aimer

et c’est sur les Champs-Elysées qu’ils montrent avec quoi ils l’imposent
la barbarie civilisée au milieu des marques grandioses
c’est vrai qu’on est en temps de crise et que la haine aime qu’on l’attise
peuples sauvages ou opprimés selon le côté de l’horizon
ils vont venir vous la refiler la liberté de compromission
les lendemains des révolutions tout le monde aura sa promotion

à moins que quelques singuliers remplaçant l’ordre par l’instinct
avec leurs gueules de paysans, de Louise Michel, d’Aurore Martin
décident de se mettre à se lever pour autre chose que pour du rien
alors tous les ans le 14 juillet ils se retrouveront pour vérifier
qu’une armée de récalcitrants ne vient pas leur foutre une branlée
il y en a des centaines de millions
regarde le point à l’horizon